

Histoire de la marionnette
Les marionnettes tirent leur origine des vertus premières de l'humanité ;
elles sont nées de deux désirs, dont l'un est le plus noble et l'autre
le plus tendre parmi ceux qui honorent les hommes.C'est un noble désir
qui les façonna et qui les dressa pieusement dans les temples, où
miraculeusement elles se transformèrent en idoles sacrées. Plutôt, ce
ne fut point un miracle. Elles furent adorées parce que des artistes
primitifs avaient pris beaucoup de peine à les faire ressembler à des
hommes et que, pénétrés d'un naïf orgueil, ils s'étaient efforcés de
rendre plus exactes et plus vraies leurs formes humaines, dans la
pensée qu'ils les rendaient plus adorables.
Les marionnettes, idoles immobiles, fixèrent pour un instant les rêves changeants des hommes qui cherchent la beauté.
C'est aussi un tendre désir qui leur donna la vie. Lorsque les
fillettes des premiers âges saisissaient dans leurs mains des figures
grossières habillées de chiffons, la tendresse de leur cœur naissant
éveilla les âmes engourdies dans les morceaux de bois et de terre
cuite. Elles en firent, en les berçant, des êtres humains ; elles leur
insuffla les passions, les désirs, les vices et les vertus. Elles fut
des mères uniques, sans souffrance et sans faiblesse.
Quand les poupée, ayant pris de l'âge, abandonnèrent leurs berceaux,
elles coururent le monde sous le nom de marionnettes pour présenter des
spectacles. Mais leurs vagabondages ne leur firent jamais oublier
celles qui leur avaient donné une âme ; par reconnaissance, elles
eurent à cœur, avant tout de divertir les fillettes et leurs compagnons
les bambins dans toutes les régions.
Elles divertirent les enfants des pauvres comme des plus opulents.

Burratini, par F. MaggiottoEstampe par G Volpato - 1780
Un jour, elles s'aperçurent que dans les palais, les dauphins et les
princesses, malgré le luxe de leurs jouets, s'ennuyaient à mourir, au
milieu de gens graves ; elles revêtirent alors des costumes de Cour
splendides, et, dressées devant la majesté des trônes, elles mirent des
sourires aux visages soucieux des futurs rois. Elles revêtirent aussi
des costumes déguenillés, sans répugnance, afin d'accomplir chez les
indigents leur joyeuse et réconfortante mission. Elles s'exposèrent
aux carrefours des rues, bravant le soleil et la pluie, et elles firent
aux petits mendiants l'aumône de leur gaieté; elles comprirent que les
malheureux avaient besoin plus que les autres de rêver à, de belles
fictions pour ne plus penser à leurs sorts.
Puis l'auditoire s'élargit, il a fallu dans les baraques laisser entrer la
foule. Les hommes aiment rire autant que leurs enfants. Ce furent alors
des triomphes populaires qui sans les avoir cherchés que l'animation de marionnettes connurent.
Car les marionnettes disent bien ce qu'elles veulent,
sans souci de beau langage et sans obscurité; leurs gestes et leurs
paroles étant clairs, plaisent à toutes les âmes simples.
Elles ont reçu d'ailleurs pour les séduire tous les dons de la nature. On
dirait que de bonnes fées ont veillé à ce que rien ne leur manquât. Les
sculpteurs leur ont donné la forme et les peintres y ont ajouté la
parure des couleurs afin que leur vue fût à elle seule une caresse et
un plaisir. Les poètes leur ont donné la parole, l'enchantement et la
persuasion, la force d'exprimer les belles idées, hardiment et sans
peur.
Enfin l'humanité leur a donné son spectacle :
incomparable butin que les marionnettes pillèrent avidement. Elles en
extraient les ridicules qui se cachaient, les faiblesses qui
cherchaient l'ombre, les bassesses qui croupissaient. Elles étalèrent
ces tristes dépouilles à la lumière, mais dans un but généreux pour en
détourner les hommes. Même, dans leur ardeur moralisatrice, elles
exagérèrent les vices pour en inspirer plus d'horreur. Si parfois elles
composèrent une humanité contrefaite, c'est afin qu'on rêvât d'une
humanité idéale et parfaite. Elles flagellèrent, sans cesser de rire et
de faire rire , au bout de leurs fouets s'agitaient les grelots de la
folie.
Elles incarnèrent aussi les grandeurs humaines. Elles exaltèrent les
héroïsme du cœur et les noblesses de l'esprit. Elles furent de sublimes
révoltées, à toutes les époques d'asservissement; elles luttèrent
contre les puissants, elles s'insurgèrent contre la force brutale.
Elles furent les champions de toutes les libertés. Elles furent les
initiatrices de la beauté, de la vérité.

Marionnette siciliennes -Palerme-
Vous pouvez aussi consulter les pages suivantes :
- Histoire de la marionnette
- Fabrication de Guignol
- Un guignol à l'Elysée
- Les personnages de Guignol
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